Encadrement à double voix pour les CM1 et CM2 : une réforme ambitieuse au service de la réussite scolaire

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Par René DOKOU, le 03 Novembre 2025

(IMPARTIAL ACTU)-  L’année scolaire 2025-2026 s’est ouverte sur l’ensemble du territoire togolais sous le signe de l’innovation et de la rigueur pédagogique. Parmi les mesures phares annoncées par le ministère des Enseignements primaire, secondaire et technique, une réforme attire particulièrement l’attention : l’encadrement des classes de CM1 et de CM2 par deux enseignants spécialisés.

Une décision inédite qui ambitionne de transformer en profondeur la dynamique des apprentissages en fin de cycle primaire.

Une école en mutation

Jusqu’ici, dans la plupart des écoles primaires, un seul enseignant assurait l’ensemble des matières, du français aux mathématiques, en passant par les sciences, l’histoire ou encore la lecture. Ce modèle, longtemps perçu comme garant de la continuité pédagogique, montrait cependant ses limites. Face à la diversification des programmes et à la montée en complexité des savoirs, la polyvalence imposée aux enseignants devenait un frein à l’efficacité et à la maîtrise disciplinaire.

La réforme introduite cette année rompt avec cette logique. Dorénavant, les classes de CM1 et de CM2 sont encadrées par deux enseignants :

un spécialiste des lettres, chargé du français, de la lecture, de la grammaire et de l’expression écrite ;

un spécialiste des sciences, responsable des mathématiques, des sciences expérimentales et des disciplines connexes.

Cette complémentarité est conçue pour offrir aux élèves un encadrement plus rigoureux et mieux adapté à leurs besoins. « C’est une manière de consolider les bases tout en préparant les enfants aux exigences du collège », explique un inspecteur de l’enseignement primaire à Lomé.

Un pont vers le collège

Cette mesure s’inscrit dans une stratégie plus large de rehaussement du niveau scolaire et de préparation progressive à la structure du secondaire. Au collège, chaque discipline est enseignée par un professeur distinct une organisation souvent déroutante pour les jeunes élèves issus du primaire. En introduisant la spécialisation dès le CM1, le ministère espère rendre cette transition plus fluide.

Les chiffres témoignent de la nécessité d’agir : en 2024, le taux de réussite au Certificat d’études du premier degré (CEPD) était de 76,01 %, tandis que celui du Brevet d’études du premier cycle (BEPC) plafonnait à 44 %. Autrement dit, près d’un élève sur deux rencontre des difficultés dès les premières années du collège.
Pour le ministère, renforcer l’encadrement en amont constitue donc une réponse stratégique à ces écarts de performance.

Une pédagogie de la réussite

En confiant les CM1 et CM2 à deux enseignants spécialisés, le gouvernement togolais souhaite aussi valoriser le métier d’enseignant. Chaque pédagogue pourra désormais se concentrer sur son domaine de compétence, approfondir sa méthode et développer des approches plus créatives. Les élèves, quant à eux, bénéficieront de regards croisés et de rythmes d’apprentissage mieux équilibrés.

Cette organisation, expérimentée dans plusieurs établissements pilotes, a déjà montré des effets positifs : une meilleure compréhension des leçons, une participation accrue des élèves et une plus grande autonomie dans la gestion des devoirs. « Les enfants s’adaptent vite, ils aiment changer de professeur et découvrent que chaque matière a sa propre logique », confie une enseignante de CM2 à Sokodé.

Une réforme appelée à durer

Ambitieuse et structurante, cette initiative marque une étape importante dans la modernisation de l’école togolaise. Elle traduit la volonté du gouvernement de bâtir une éducation plus performante, plus équitable et mieux arrimée aux exigences du monde contemporain.

À terme, cette organisation pourrait être étendue à d’autres niveaux du primaire si les résultats se confirment.

Entre innovation et pragmatisme, le Togo fait le pari d’une école à deux voix pour mieux préparer ses élèves aux défis du futur. Une réforme qui, au-delà des chiffres, redonne sens à une ambition fondamentale : celle de former des citoyens compétents, curieux et confiants dans leurs capacités à apprendre et à réussir.

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