Par Impartial Actu le 26 octobre 2019
(IMPARTIAL ACTU)-Dans sa volonté de jouer un rôle important pour le développement et la modernisation de l’agriculture togolaise M. Guema M’bantana soudeur résident à Sokodé, a créé l’entreprise “Guema Concept”. Le but de son entreprise est de fabriquer des machines agricoles pour réduire, un temps soit peu les difficultés que rencontrent les agriculteurs dans l’exercice de leur métier. C’est dans cette optique que le PPAAO-TOGO (Programme d’Amélioration de la Productivité Agricole en Afrique de l’Ouest, composante du Togo), a apporté un soutien de taille à Guema M’bantana pour la conception d’un extracteur et décortiqueuse de graine pour faciliter les travaux agricoles après les récoltes.
L’homme a bien voulu répondre aux questions de nos confrères d’Agro Info, sur sa carrière professionnelle !
Journaliste : Présentez-vous
Guema M’bantana : Je me nomme Guema M’bantana Timothée, je suis un jeune togolais intervenant dans l’invention et l’innovation technologique.
Journaliste : Parlez-nous un peu de votre formation professionnelle
Je suis physicien de formation et technicien supérieur en énergie solaire. J’ai enseigné pendant 12 ans les sciences physiques et le dessin d’art.
Depuis quand avez-vous commencé par fabriquer les machines agricoles.
J’ai commencé la fabrication des équipements agricoles depuis 1998 dans l’informel. Mais j’ai décidé de me formaliser et créer mon entreprise en Avril 2014.
Qu’est-ce qui a motivé ce choix ?
Ce qui a motivé ce choix, je n’arrivais plus à concilier l’enseignement et ma passion (la conception mécanique). En 2014, j’avais déjà à mon actif conçu et réaliser des équipements qui intéressaient plusieurs personnes. Il s’agit d’un incubateur solaire dont j’avais des commande, une décortiqueuse de graines de courge « goussi » et un équipement solaire pour couper du gombo. Avec ces innovations, j’ai participé au Salon africain de l’invention et de l’innovation technologique en Guinée Équatoriale et aux différents salons nationaux qu’organise l’INPIT (Institut National de la Propriété Intellectuelle du Togo). J’ai été primé quatre fois par l’INPIT, une fois par le SIALO (Salon International de l’Agriculture et de l’Agroalimentaire de Lomé) et une fois par TOGOLESE FOUNDATION. Ce sont toutes ces motivations qui m’ont décidé à quitter l’enseignement pour créer ma propre entreprise GUEMA CONCEPT pour développer mes innovations.
Vous avez des clients ?
Mes clients sont les producteurs agricole, les éleveurs commerciaux de volailles, des particuliers togolais et étrangers.
Dites-nous comment vous vous êtes fait identifier par le ministère de l’agriculture à travers le PPAAO ?
En 2014, j’ai été invité par le ministère de l’agriculture à la foire ADJAFI où il m’était demandé d’apporter toutes mes réalisations. Je pense que le ministère avait eu écho de moi mais ne me connaissait pas. A cette foire j’avais exposé et démontré tous les prototypes que j’avais déjà réalisé et cela avait attiré beaucoup d’attention et de curiosité. A l’occasion la TVT avait braqué un coup de projecteur sur moi en m’invitant sur son plateau dans l’émission « AU CŒUR DE LA NATION ». Parmi les invités sur ce plateau il y avait le Docteur Assimiou Adou Rahim Alimi qui est le Coordonnateur Opérationnel Délégué du PPAAO. Sur le plateau, il avait expliqué le mécanisme des instruments financiers du PPAAO. A partir de ces informations que je n’avais par le passé, j’ai donc rédigé un projet de recherche que j’ai soumis aux fonds compétitifs. Grace à Dieu, j’ai obtenu une subvention pour mon projet de recherche. Les résultats attendus de mon projet étaient de concevoir et fabriquer une version améliorée de ma décortiqueuse et un broyeur de courges « égousi » pour faciliter la récolte des graines. Ces résultats ont été atteints au-delà des attentes et cela a créé un climat de confiance entre l’entreprise GUEMA CONCEPT et le Ministère de l’Agriculture.
Pensez-vous que cet appui est le bienvenu ? Si oui comment l’expliquez-vous ?
L’appui du PPAAO a été très salutaire pour moi. Permettez-moi de remercier une fois encore les initiateurs de ce programme. Si l’occident s’est développé au 19ème siècle c’est surtout grâce à l’encouragement et au financement de la recherche. Sans l’appui du PPAAO, mes innovations n’auraient peut-être pas encore vu le jour. En plus, quand vous êtes appuyé par une subvention, vous êtes soumis à des obligations de résultat. Ceci augmente votre force de réflexion et de travail. C’est plus fort que d’être un génie en classe.
Non seulement que l’appui du PPAAO m’a permis de générer de nouvelles technologies, mais aussi m’a permis de m’équiper en outils de travail. Ceci me permet de rêver plus grand.
Cette subvention vous aurait sûrement permis d’augmenter votre chiffre d’affaire
La subvention m’a permis d’augmenter la capacité de production par l’acquisition des outils de travail, l’agrandissement de l’entreprise et naturellement l’augmentation du chiffre d’affaire quand nous allons entamer la phase de mise à échelle de nos prototypes.
Quelles sont les difficultés rencontrées dans l’exercice de vos activités ?
Les difficultés que nous rencontrons sont les suivantes :
– Pour l’instant notre force de mise à échelle est encore très faible face aux différentes demandes. Les différentes publications sur nos innovations sont une publicité qui a devancé la production. Actuellement l’entreprise GUEMA CONCEPT est encore soumise à des obligations de résultat sur un nouveau défi : réaliser localement en 6 mois deux prototypes de mini moissonneuse batteuse de riz et blé et huit nouvelles versions performantes de batteuses vanneuses de soja pour le compte du PPAAO. Ceci étant, nous nous focalisons actuellement sur la génération de ces nouvelles technologies et non sur une production commerciale.
– Nous avons voulu être plus proche des producteurs agricoles mais étant donné que Sokodé est à plus de 300 km de Lomé où nous achetons la plupart des matériaux, cela ne nous arrange pas.
– Une autre difficulté est la capacité de garder les apprenants jusqu’au bout. La plupart faute de moyens abandonnent avant la fin de leur formation. Or étant donné que nous sommes dans l’invention et l’innovation, nous voulons former des jeunes capables de produire pour la mise à échelle. Mais notre domaine semble être difficile même pour les jeunes sortants des lycées techniques. Nous aimerions bénéficier d’un programme d’aide pour la prise en charge des apprenants pour qu’ils aillent jusqu’au bout de leur formation chez nous.
Que demanderez-vous au ministère de l’agriculture pour renforcer votre partenariat ?
Pour renforcer notre partenariat, nous demandons au Ministère de l’agriculture de nous passer des commandes pour soutenir les producteurs. Ainsi nos innovations seront connues et cela nous aidera à vivre.
En guise de conclusion, quels conseils voulez-vous prodiguer aux autres jeunes entrepreneurs qui peinent à décoller ?
Je leur dirai tout simplement de croire à ce qu’ils font. Ils doivent aussi bien réfléchir avant de se lancer et surtout que leur objectif trouve une solution à un problème. La persévérance est aussi primordiale pour réussir en entreprise.