Paludisme : le Togo transforme l’accès aux soins

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Par René DOKOU, le 05 Septembre 2025

(IMPARTIAL ACTU)- Le paludisme reste l’une des principales menaces sanitaires au Togo. Mais depuis 2019, une décision politique forte a changé la donne : la gratuité du diagnostic et du traitement dans l’ensemble des centres de santé. Une mesure permanente qui sauve des milliers de vies et continue de porter ses fruits.

Un tournant décisif en 2019

Le 6 mai 2019 marque une étape majeure dans la lutte contre le paludisme. Ce jour-là, le gouvernement togolais instaure la gratuité du test de diagnostic rapide (TDR) et des traitements essentiels pour les formes graves – notamment l’artésunate et l’artéméther injectables – dans toutes les formations sanitaires publiques.

Cette politique ambitieuse repose sur un financement conjoint de l’État, du Fonds mondial, de l’OMS et de la Banque mondiale. Elle s’appuie aussi sur l’engagement des professionnels de santé, formés pour assurer une prise en charge rapide, et sur une coordination rigoureuse avec les partenaires techniques.

Des résultats mesurables

Cinq ans après, les chiffres parlent d’eux-mêmes. Selon le Programme national de lutte contre le paludisme (PNLP), le nombre de cas enregistrés a chuté d’environ un million en 2017 à 600 000 en 2022, soit une baisse de 40 %.

La mortalité infantile liée au paludisme a connu un recul spectaculaire : de 568 décès chez les enfants de moins de 5 ans en 2017, on est passé à seulement 131 en 2022, une diminution de 77 %. Cette amélioration traduit l’impact direct d’un accès gratuit et systématique aux soins.

En 2023, 1,8 million de cas de paludisme simple ont été traités grâce aux combinaisons thérapeutiques à base d’artémisinine. Plus de 2,3 millions de tests de diagnostic rapide ont été réalisés, et 99 % des cas simples confirmés ont reçu un traitement effectif.

La lutte ne s’est pas limitée aux structures hospitalières. Les communautés locales ont été mobilisées : 20 650 cas ont été pris en charge par des volontaires de santé, preuve que la stratégie combine efficacité médicale et proximité sociale. La prévalence parasitaire chez les enfants de moins de 5 ans est ainsi passée de 36,2 % en 2014 à 25 % en 2022.

Des avancées confirmées en 2024

Les progrès ne faiblissent pas. En 2024, l’incidence du paludisme est passée de 286 cas pour 1 000 habitants en 2023 à 258 cas pour 1 000 habitants. Dans le même temps, la mortalité hospitalière est tombée de 15 % à 11,7 % pour 100 000 habitants.

Ces indicateurs confirment l’efficacité de la gratuité comme levier de santé publique. Ils traduisent aussi la volonté du gouvernement d’inscrire la lutte contre le paludisme dans la durée, au-delà des campagnes ponctuelles de sensibilisation.

Une nouvelle étape : l’arrivée du vaccin

L’horizon s’élargit désormais avec l’introduction du vaccin antipaludique R21, prévue pour septembre 2025. Le ministère de la Santé prévoit une couverture d’au moins 80 % chez les enfants de 5 à 7 mois et de 70 % chez ceux de 16 à 23 mois.

Cette innovation, couplée aux acquis de la gratuité du diagnostic et du traitement, ouvre la voie à une réduction encore plus significative de la transmission et de la mortalité. Elle marque un tournant supplémentaire dans la lutte contre la première cause de décès infantile au Togo.

Un modèle de santé publique équitable

En rendant universel l’accès aux soins antipaludiques, le Togo a posé les bases d’une politique sanitaire inclusive et équitable. Les résultats obtenus – baisse des cas, recul de la mortalité, mobilisation communautaire – démontrent que l’investissement dans la gratuité peut transformer durablement la santé publique.

L’introduction prochaine du vaccin constitue un nouveau test de cette ambition. Mais déjà, l’expérience togolaise fait figure de modèle en Afrique de l’Ouest, prouvant qu’une volonté politique ferme, appuyée par des partenariats solides, peut inverser la courbe d’une maladie endémique.

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