Mali-AES : la pénurie de carburant, miroir d’une indépendance à construire

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Par René DOKOU, le 15 Octobre 2025

(IMPARTIAL ACTU)- Depuis plusieurs semaines, le Mali vit au rythme des files interminables devant les stations-service. La pénurie de carburant s’est imposée comme une réalité brutale, paralysant les transports, ralentissant les activités économiques et bouleversant la vie quotidienne.

Mais au-delà de la gêne immédiate, cette crise énergétique met en lumière un enjeu bien plus profond : celui de l’indépendance réelle d’un pays engagé sur la voie de la souveraineté politique, économique et énergétique.

Une épreuve révélatrice

Le Mali, membre de l’Alliance des États du Sahel (AES), a fait le choix courageux d’affirmer sa souveraineté face aux pressions extérieures. Ce virage historique, porteur d’espoir, s’accompagne aujourd’hui de difficultés tangibles. La rareté du carburant n’est pas seulement un problème logistique : elle expose la dépendance structurelle d’un pays longtemps tourné vers l’extérieur pour subvenir à ses besoins essentiels.

Pour les autorités, la situation est délicate. Mais pour le peuple, elle représente surtout une épreuve de vérité. Car la souveraineté ne se décrète pas, elle se bâtit dans la durée, souvent dans la douleur. Les Maliens mesurent désormais le prix de l’émancipation : celui du courage, de la résilience et de la créativité collective.

Inventer plutôt qu’attendre

Face à cette crise, l’heure n’est plus aux lamentations mais à la mobilisation intellectuelle et technique. Chercheurs, ingénieurs, entrepreneurs et innovateurs sahéliens sont appelés à répondre à l’urgence par l’imagination et la science.

La dépendance énergétique, qui étouffe depuis des décennies les économies africaines, ne pourra être vaincue que par des solutions locales : valorisation des ressources endogènes, développement des biocarburants, maîtrise du solaire, innovations adaptées au contexte sahélien.

La pénurie actuelle doit devenir un catalyseur d’inventivité, une opportunité de repenser notre rapport à l’énergie et à la production. Car la souveraineté énergétique est la condition de toutes les autres : sans énergie, pas d’industrie ; sans industrie, pas d’indépendance économique.

Rompre avec la dépendance de consommation

Cette crise révèle également une autre dépendance, plus insidieuse : celle du modèle de consommation importé. Trop longtemps, les sociétés africaines ont vécu dans l’illusion de l’abondance facile, sans mesurer le coût de cette dépendance.
Il est temps de repenser nos besoins, de valoriser la sobriété, de redonner sens au mot autonomie. Le Mali, terre de soleil, ne manque pas de ressources : pourquoi ne pas faire du solaire une priorité nationale ? Une nation souveraine ne se définit pas par ce qu’elle consomme, mais par ce qu’elle produit, crée et transforme.

La souveraineté, un effort collectif

La construction de la souveraineté n’est pas seulement l’affaire des dirigeants. C’est une cause nationale, un devoir partagé. Chaque citoyen, chaque intellectuel, chaque communauté a un rôle à jouer. L’histoire retiendra non pas ceux qui auront subi, mais ceux qui auront agi.
Transformer la contrainte en opportunité, telle est la marque des peuples libres.

Une leçon pour le Sahel

Au-delà du Mali, c’est tout le Sahel qui observe et apprend. L’indépendance véritable ne s’obtient pas sans sacrifices.

Elle exige du travail, de la discipline et une vision. La pénurie actuelle, si douloureuse soit-elle, pourrait bien marquer le début d’une ère nouvelle : celle d’une Afrique qui ne subit plus, mais qui invente, innove et assume pleinement son destin.

Car la souveraineté a un prix et le Mali, aujourd’hui, en paie le coût avec dignité.

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