Par René DOKOU, le 08 Octobre 2025
(IMPARTIAL ACTU)- Longtemps freinés par le manque de moyens financiers, les agriculteurs togolais disposent désormais d’un outil décisif pour accroître leur productivité et améliorer leurs conditions de vie : le crédit agricole.
Fruit d’une politique publique volontariste et d’un engagement accru des institutions financières, ce dispositif redessine en profondeur le paysage rural togolais en offrant aux producteurs les moyens d’investir, d’innover et de sécuriser leurs activités.
Dans un pays où plus de 60 % de la population active vit de la terre, l’accès au financement représente un tournant historique. Pendant des décennies, les agriculteurs, jugés « à haut risque » par les banques traditionnelles, sont restés à l’écart du système de crédit. Le manque de garanties, la dépendance aux aléas climatiques et la faible rentabilité immédiate des cultures les condamnaient à l’autofinancement et à la précarité.
Conscient de cet enjeu, l’État a mis en place des mécanismes adaptés, conçus pour répondre au rythme particulier des saisons agricoles. Ces prêts, à taux préférentiels et à échéances flexibles, permettent désormais aux paysans d’envisager leurs campagnes avec plus de sérénité et d’ambition.
Des prêts qui changent la donne
L’impact est déjà mesurable. Grâce au crédit agricole, les producteurs peuvent se procurer des semences améliorées, acheter des engrais, mécaniser leurs exploitations ou financer des systèmes d’irrigation. Certains investissent même dans la transformation et le stockage de leurs récoltes, réduisant ainsi les pertes post-récoltes — un fléau qui amputait souvent les revenus de plusieurs mois de travail.
Selon une tribune du ministère des Affaires étrangères, le Togo a enregistré en 2024 une superficie cultivée de 2 462 995 hectares, soit une hausse de 12,21 % par rapport à 2020. Cette progression témoigne de l’effet direct des politiques de financement sur la productivité agricole.
Le gouvernement indique également qu’un montant de 9,8 milliards de francs CFA a été accordé pour le financement de 176 000 producteurs sur la même période. À cette enveloppe s’ajoute le dispositif Agrisef (Accès des agriculteurs aux services financiers), conçu par le Fonds national de la finance inclusive (FNFI). Ce programme à fort impact a déjà injecté 37,71 milliards de francs CFA dans le secteur depuis son lancement, selon le bilan arrêté au 12 septembre 2025.
Un effet multiplicateur sur l’économie rurale
Au-delà des exploitations individuelles, les crédits agricoles créent une dynamique collective. Ils revitalisent les coopératives, renforcent la solidarité entre producteurs et favorisent la naissance de petites entreprises locales dédiées à la transformation, au transport ou à la commercialisation des produits agricoles.
Les femmes, souvent en première ligne dans la production vivrière, figurent parmi les principales bénéficiaires. Ces crédits leur offrent une porte d’entrée vers l’autonomie économique et l’entrepreneuriat rural. En parallèle, les dispositifs de financement s’accompagnent de formations, de suivis techniques et de conseils en gestion, garantissant une utilisation efficiente des fonds.
Cette approche intégrée s’inscrit dans une logique de durabilité. Elle permet de concilier développement économique, sécurité alimentaire et gestion responsable des ressources.
Des perspectives prometteuses
Les pouvoirs publics entendent capitaliser sur cette dynamique. Le gouvernement prévoit de renforcer les partenariats avec les institutions bancaires et de diversifier les produits financiers destinés aux agriculteurs : microcrédits saisonniers, assurances agricoles, ou encore prêts collectifs pour les coopératives.
L’enjeu est clair : faire du crédit agricole un pilier du développement rural et un levier d’inclusion financière. Si les défis demeurent notamment la formation, la digitalisation des services et la résilience face aux changements climatiques —, les résultats obtenus démontrent que l’agriculture togolaise entre dans une nouvelle ère.
Désormais, le champ des possibles s’élargit. Pour des milliers de producteurs, le crédit agricole n’est plus un rêve inaccessible, mais une réalité tangible qui transforme les campagnes togolaises, une saison après l’autre.
















