Covid-19 au Togo : lettre ouverte de Rodrigue Ahégo au gouvernement

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Par Impartial Actu le 29 Mars 2020.

(IMPARTIAL ACTU)- Chères concitoyennes, chers concitoyens, Permettez-moi, avant toute chose, de m’incliner devant la mémoire de mon Cher ami et confrère, Dominique ALIZIOU, Directeur de Publication du journal “Chronique de la Semaine”, arraché à notre affection le 27 mars 2020, emporté par COVID-19. Veuille le très haut le recevoir dans son royaume. Cher ami, va et repose en paix.

La triste nouvelle interpelle et suscite une prise de responsabilité de l’homme de média que je suis. Nous ne pouvons pas continuer à caresser dans le sens du poil les uns et les autres. A force de le faire, le lit est déroulé au mal de frapper de plein fouet, les pauvres populations Togolaises déjà agonisantes, avec le poids de la misère, galère et pauvreté ambiante qui sévit depuis plusieurs décennies.

Nous recevons la visite de ce mal dans un contexte où nos hôpitaux demeurent de véritables mouroirs, malgré la bonne foi des médecins que nous disposons au pays. Ces éminents professeurs et docteurs qui, avec leurs équipes sous équipées sur le plan matériel, tentent à travers les tumultes et amertumes, de faire valoir leurs compétences et leur serment d’Hippocrate. Après tout, il faut sauver la vie des compatriotes.

Derrière cette volonté manifeste des praticiens qui ont jusque-là maintenu en vie les cas enregistrés, excepté le décès de notre confrère qui fait bouger le pointeur décès du pointeur mis en place par le gouvernement sur le site dédié à ce propos, se cache une triste réalité qui résulte fondamentalement de l’insouciance des uns et des autres, y compris du gouvernement, je suis désolé de l’écrire, à prendre la mesure réelle du mal et décider des mesures appropriées dignes d’une période de crise.

Allons-nous attendre que les populations tombent les uns après les autres comme des mouches, pour décider de saisir le taureau par les cornes ?

Selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), « L’Afrique doit s’attendre au pire. ». Ont-ils raison de le dire ? Oui. Pourquoi ? Parce qu’en réalité, nous nous comportons exactement au Togo, comme décrit dans l’Evangile selon Saint Luc, chapitre 17 verset 27 qui dit : « Les hommes mangeaient, buvaient, se mariaient et mariaient leurs enfants, jusqu’au jour où Noé entra dans l’arche; le déluge vint, et les fit tous périr ».

Oui, c’est bien exactement comme ça que et le gouvernement et vous mes frères et sœurs Togolais vous comportez en ce moment, face à la déferlante rage de ce virus qui sème la désolation partout où il passe.

C’est bien dommage de constater que les mesures barrières énoncées par le gouvernement ne le sont en réalité que sur le papier. La vie est normale au Togo comme si nous étions encore en période normale. Les travailleurs vaquent librement et tranquillement à leurs occupations ; les conducteurs de taxis-motos et autos animent tranquillement la circulation avec les surcharges habituelles dans les véhicules et sur les motos ; les marchés s’animent comme jamais ; les apprenties notamment coiffeuses et couturières exécutent tranquillement leurs habitudes de vie ; les ménagères continuent de proposer leurs mets notamment ayimolou, khom et koliko aux pauvres populations, y compris dans les quartiers vulnérables et à haut risque, aux côtés des caniveaux largement ouverts et des eaux usées et puantes… Chacun va, selon son habitude de vie.

J’ai une pensée triste à l’endroit des populations des quartiers Gbadago ; Le Togo ; Ahanoukopé ; Zongo… Je vois encore défiler sous mes yeux, les images de toutes ses mains qui se succèdent au poignet des gourdes pour les ablations devant des centres de prières que vous pouvez imaginer. Bref, au Togo, COVID-19 tue mais n’inquiète personne.

L’exercice ici n’est pas de semer la panique ou d’alimenter celle qui pourrait déjà exister dans l’esprit de ceux qui prennent conscience du mal. Il est fondamentalement question de sauver des vies en appelant à l’éveil de conscience des uns et des autres, y compris du gouvernement qui gère avec légèreté cette crise virologique meurtrière aux conséquences néfastes pour une économie Togolaise déjà paralysée.

Les personnes porteuses du COVID-19 se baladent tranquillement, contaminant les autres, parce que ne se sachant pas infectées. Cela parce que bien, chacun doit vaquer librement à ses occupations. C’est ainsi qu’une panique généralisée et suicidaire s’organise surtout avec les indices sur les cas testés positifs qui réveillent bon nombre de Togolais. Ah ! J’avais bu avec telle personne mise en quarantaine ou en isolement à cause du COVID-19 ; Ah ! Il était assis à côté de moi hier au bureau ; Ah ! Nous avions déjeuné ensemble le jour où il est revenu de voyage…
C’est bien ainsi qu’une porteuse peut traverser le pays de Cinkassé à Lomé, de Hillacondji à Aflao, distribuant tel un guichet automatique, le coronavirus sur son passage. Et bonjour les dégâts colossaux. Tout ceci parce que à un moment donné, l’inconscience a pris le dessus.

Il faut se réveiller ; il faut se lever ; il faut prendre ses responsabilités ; il faut prendre les réelles mesures sans complaisance aucune, pour mettre le pauvre Togolais à l’abri de ce mal puissant qui a réussi le pari de mettre à genou, tous les hommes forts et puissants au monde.

Peuple Togolais, réveillons-nous car le mal est réel. Nous devons tous ensemble déclarer qu’il n’y aura plus aucun décès au Togo à cause du coronavirus en observant les mesures barrières notamment l’auto-confinement. A quoi bon de contaminer les autres si je suis porteur ? A quoi bon de cachet mon statut de porteur de COVID-19, ministre suis-je, pour exposer la vie de mes compatriotes ?

On ne sait pas qui est qui et aucun signe n’apparaît au front des porteurs. Que faire ? La question taraude les esprits.

Le confinement a fait ses preuves ailleurs et constitue jusque-là le moyen le plus efficace qui contribue à limiter les dégâts ailleurs. Pourquoi ne pas l’appliquer tant qu’il est encore temps ? Qu’attend le gouvernement ? Les mesures d’accompagnement peut-être ?

Ah ! Oui, il faut bien y penser sans oublier que la vie humaine est sacrée. Il faut la sauver d’abord. Après nous pourrons parler des dettes du pays. Après tout, il y en a dont on ignore l’utilisation. Et pourtant c’est le peuple qui les paiera. Pourquoi s’en faire s’il va falloir en faire pour mettre le peuple à l’abri du danger ?

L’Etat d’urgence s’impose sans complaisance. Sinon, nous risquons le pire comme le dit l’OMS.

A bon entendeur, salut.

Votre,

Rodrigue AHEGO
Directeur de “Publication” du journal PANORAMA

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