Par Impartial Actu le 03 Juin 2020.
(IMPARTIAL ACTU)- Le Lac Nangbéto, dans la préfecture de l’Ogou, a bénéficié des plans de gestion des pêcheries. Ce qui a permis de réaliser une expérience exceptionnelle, en matière de développement durable des ressources halieutiques. Ainsi le 07 août 2013, l’un de ces plans de gestion de la pêche a été mise en œuvre, grâce au Projet d’appui au secteur agricole. A l’heure du bilan, les acteurs parlent d’une expérience réussie au regard des résultats observés sur le terrain.
Selon les informations données par les services du PASA, les ressources halieutiques des pêcheries continentales faisaient l’objet d’une exploitation anarchique caractérisée par l’utilisation des engins et pratiques prohibés conduisant aux captures importantes de juvéniles. « Des études menées et des constats de terrain indiquaient que ces ressources sont surexploitées », ont-ils précisé. Face à cette situation alarmante et déplorable qui porte un coup dur aux ressources halieutiques menées de disparition, il a été mis œuvre, grâce au PASA, des plans de gestion des pêcheries au Togo. Spécifiquement, trois (03) plans de gestion ont été élaborés et adoptés à savoir, le plan de gestion des pêcheries du lac de Nangbéto en 2013, le plan de gestion des pêcheries du barrage de Koumfab en 2014 et le plan de gestion des pêcheries du système lagunaire en 2015.
Ainsi, sur le Lac Nangbéto, à en croire les informations fournies par la Cellule de communication du PASA, l’un des acquis de ce plan est la co-gestion de la pêche sur le lac avec l’administration de pêche, les communautés de pêche, les forces de l’ordre, la chefferie traditionnelle, les associations, les coopératives de pêche, etc. Ceci dit, la participation des communautés de pêche aux prises de décision a permis de donner à ces dernières un sentiment d’appropriation de la ressource. « Parmi les impacts positifs enregistrés nous notons que plusieurs engins et pratiques prohibés ont été abandonnés par un grand nombre de pêcheurs, ceci a favorisé la restauration des stocks des espèces de poissons du lac dont l’un des indices est l’augmentation de la production halieutique du lac passant de 600 tonnes en 2012 à 3200 tonnes en 2019 », peut-on lire dans le document.
Les activités menées dans le cadre du plan
En effet, le plan de gestion des pêcheries du lac de Nangbéto a été élaboré et adopté dans le cadre de la mise en œuvre de la sous composante 1.3 du PASA dont la sous-composante vise à améliorer la gestion de la pêche continentale et à développer la pisciculture.
Plusieurs activités dont la plupart prévues dans le plan de gestion adopté ont été menées. Entre autres principales activités menées, la mise en place des comités de gestion ; la réunion d’échanges et de concertation entre les parties prenantes ; l’organisation des patrouilles de surveillance des activités de pêche ; la distribution des nappes de filets de pêche réglementaires aux pêcheurs ; la construction des fours améliorés aux transformatrices de poissons ; formation en bonne pratique d’hygiène, de traitement, de conservation et de transformation de poisson ; le suivi médical des fumeuses de poissons ; les analyses des poissons fumés issus des fours améliorés construits ; la distribution des géniteurs de volailles aux ménages de pêcheurs. Ainsi, ces activités menées ont permis au plan de gestion des pêcheries du Lac Nangbéto d’avoir des résultats et ont eu des effets.
La cogestion des activités de pêche
Pour l’exécution du plan, les comités de gestion constitués de pêcheurs et de commerçantes de poissons ont été mis en place. Au nombre de six (06) de zone et d’un (01) intercommunautaire, ces comités organisent des patrouilles de surveillance de pêche eux-mêmes, participent aux collectes des demandes de permis de pêche pour la Direction Régionale de l’Agriculture de la Production Animale et Halieutique / Plateaux (DRAPAH/P) et des données sur les captures. De son côté, la DRAPAH/P dans l’exécution du plan, organise des patrouilles mixtes auxquelles participent les comités de gestion et des brigades de gendarmerie. En outre, l’administration des pêches organise des réunions d’échange et de concertation auxquelles sont invités les représentants de toutes les parties prenantes. « Une partie des recettes (25% du total) issues du lac (redevances de permis de pêche et de délivrance de cartes professionnelles) est versée aux comités de gestion et à la préfecture de l’Ogou pour le suivi des activités de pêche sur le Lac », informent les services du PASA.
La prise de conscience par les pêcheurs
L’un des impacts positifs de ce plan de gestion des pêcheries du Lac Nangbéto initié par le PASA est la prise de conscience par les pêcheurs dans l’exploitation durable des ressources. Ainsi, comme acquis du plan, près de 50% des pêcheurs ont abandonné les mauvaises pratiques de pêche ; le nombre des infractions diminue d’année en année ; plus de 50% des pêcheurs sollicitent volontairement leur permis de pêche en application de l’arrêté N °006/15/MAEP/Cab/SG/DPA du 28 janvier 2015 portant réglementation de la pêche sur le Lac.
Promotion du maintien de la chaîne de froid, une réalité
Le projet élaboré et mis en œuvre grâce au PASA a appuyé au cours de son exécution, la SCOOPS Katséiré pour l’installation d’une unité de fabrique de glace. « Ceci permet aux membres de disposer suffisamment de glaces pour la bonne conservation des poissons à partir du site de débarquement jusqu’au marché de poissons frais d’Agbonou. Aussi les friteuses de poissons s’approvisionnent-elles en glace dans l’unité pour conserver leurs poissons et maintenir la chaîne de froid. Les taux des pertes post-captures sont réduits et les revenus sont également améliorés », a fait savoir la Cellule de communication du Projet d’appui au secteur agricole.
PASA améliore la qualité des poissons fumés
63 membres de la Société Coopérative Simplifiée (SCOOPS Lolonyon) est appuyé pour la construction individuelle d’un four amélioré Chorkor ou Banda. En se référant au document du PASA, ces fours améliorés ont l’avantage de produire des poissons de meilleure qualité et de protéger les femmes contre les malaises pulmonaires liées à la fumée. « Les résultats des analyses des poissons fumés issus des fours améliorés du lac Nangbeto ont révélé que la majorité des échantillons prélevés en 2016 ont donné des taux d’Hydrocarbure Aromatique Polycyclique (HAPs) supérieurs à la norme requise (inférieure ou égale à 2 microgramme/kg) ; ceux de 2017 ont donné des taux de HAPs moins élevés. En comparaison avec les résultats des poissons issus des fours traditionnels du lac de Nangbeto, ces taux enregistrés sont largement faibles. Les bonnes pratiques enseignées devraient être appliquées dans toute sa rigueur afin que les poissons issus de ces fours améliorés répondent aux normes requises par rapport aux HAPs », souhaite le document.
Des sources de revenus diversifiées
Au niveau de Nangbéto, les pêcheurs bénéficiaires de noyau de volailles ont désormais une autre source de revenu en dehors de la pêche. Cette stratégie mise en place permet à ces derniers de supporter les effets de la mise en œuvre de la réglementation en vigueur sur le lac en l’occurrence « le repos biologique de trois (03) mois couvrant la période du 15 août au 15 novembre ». Grâce au plan de gestion du PASA, « les moyens d’existence des ménages des pêcheurs sont améliorés: Cas de pêcheurs et commerçantes de poissons qui épargnent de l’argent et cas des commerçants de poissons qui ont acheté des motos et des tricycles et qui ont construits des maisons ».
Des productions augmentées
De 600 tonnes en 2012, la production halieutique du poisson du Lac Nangbéto est passée à 3200 tonnes en 2019. « Cette performance se justifie par l’abandon des mauvaises pratiques et d’engins destructeurs par de nombreux pêcheurs. L’organisation des opérations de surveillance et la distribution de filets réglementaires ont également contribué à l’augmentation de cette production », justifie-t-on au niveau des services du PASA.
Des défis relevés par les initiateurs
Même si l’expérience du plan de gestion des pêcheries du Lac Nangbéto est une réussite, L’engagement dans une démarche de cogestion a été difficile pour certains acteurs. Il s’agit notamment de la réticence de certains pêcheurs à obtenir le permis de pêche ; la réticence de certains pêcheurs à abandonner les mauvaises pratiques et engins de pêche prohibés ; le non-respect des cahiers de charge des comités de gestion par certains membres.
Des bonnes pratiques à conserver
Si dans l’exécution du plan des défis restent à relever, il y a pourtant des bonnes pratiques qu’on doit valoriser selon les services du PASA. Il s’agit entre autres, « la cogestion des pêcheries par l’implication des principaux acteurs » ; « la surveillance des activités de pêche par les comités locaux de pêche » ; « la collecte des données statistiques par les communautés de pêche » ; « la participation des brigades de gendarmerie aux patrouilles de la pratique d’activités alternatives de surveillance des pêches » ; « la mise à disposition d’une partie des revenus par les pêcheurs » ; « les recettes issues du lac aux comités de gestion pour leur Instauration par les comités de pêche d’une cotisation fonctionnement annuelle de 5000 F par pêcheur ». « Ces fonds servent à financer leurs opérations de patrouille », signale-t-on.
Des facteurs de réussite du plan de gestion des pêcheries du Lac Nangbéto
Plusieurs facteurs ont contribué à la réussite du Plan de gestion des pêcheries du Lac Nangbéto. On peut énumérer entre autres facteurs, « la prise de conscience des communautés de pêcheurs pour une gestion durable des ressources halieutiques » ; « la création d’une synergie favorable aux parties prenantes pour la gestion des activités de pêche sur le lac » ; « l’opportunité de diversification des moyens d’existence avec l’appui en élevage avec pour effet l’accroissement des revenus et diminution de la pression sur les ressources halieutiques ». L’autre facteur déterminant dans la réussite du plan reste l’adhésion des autorités locales à la cogestion.
Des leçons apprises du plan
Des initiateurs et acteurs du plan ont appris des leçons dans l’exécution du plan. Ainsi, il faut tenir compte du contexte socioéconomique dans l’élaboration des plans de gestion des pêcheries. De même, la cogestion doit prendre ne compte les avantages, mais aussi les inconvénients qui pourront être rencontrés tout au long du processus. D’autres leçons apprises sont la non adhésion aux décisions prises par certains acteurs compromettre ou détruire les activités de gestion entreprises ; les responsabilités et les missions des comités de gestion doivent être définies dans un cahier de charges et respectées par ceux-ci.
Des acquis à pérenniser
S’il y a des leçons apprises par les acteurs du plan, il faut noter également qu’il y a des acquis à pérenniser à travers certaines actions. Pour ce faire, il faut « mettre en place un mécanisme d’autofinancement des activités des comités » ; « soutenir davantage le fonctionnement des de gestion de pêche » ; « renforcer davantage le comité de gestion par un budget annuel ; « appliquer les bonnes pratiques de transformation du poisson afin d’obtenir des poissons fumés de bonne qualité » ; « faire le suivi des activités de transformation et de commercialisation de poisson ».