Publié par Woditè DOKOU le 24 juillet 2018.
(IMPARTIAL ACTU) Après quelques jours des meetings organisés par la C14, jusqu’à l’intérieur du pays pour informer les populations sur la situation actuelle de la crise sociopolitique togolaise, le président par intérim du Parti des Togolais Nathaniel Olympio invite via une lettre ouverte toute la population de l’espace CEDEAO à croiser les doigts et permettre aux chefs d’États dudit espace de trouver le 31 juillet prochain une solution favorable aux attentes du peuple togolais, dans sa globalité.
“Nous, togolais sommes le seul peuple de la CEDEAO à subir encore la gouvernance non légitime si caractéristique des dictatures” Nathaniel Olympio.
Lisez plutôt l’intégralité de la lettre dans la lignes qui suivent…
Lettre ouverte à la jeunesse et à toutes les forces vives de l’espace CEDEAO
Nathaniel Olympio : « Je vous appelle à œuvrer auprès de vos plus hautes autorités, afin que leur décision du 31 Juillet 2018 pose les jalons d’une CEDEAO des peuples »
Je suis Nathaniel Olympio, président du Parti des Togolais. Je voudrais vous parler peuple togolais, de ses souffrances et de ses attentes en tant que membre de la grande famille de la CEDEAO.
Le peuple togolais se bat avec engagement et détermination contre la dictature d’un régime qui régente le Togo de père en fils depuis plus de cinquante ans. Relancé en août 2017, ce combat est porté par la coalition de 14 partis politiques de l’opposition dont le Parti des Togolais.
Conforme à ses pratiques habituelles, c’est par une violence d’Etat caractérisée, méthodiquement planifiée et organisée que les manifestations pacifiques de la coalition sont réprimées par le régime.
Parfois, cela se fait à balles réelles dans le but de terroriser et de traumatiser la population.
D’août 2017 à ce jour, le bilan de cette répression, outre des centaines de blessés, s’élève à près de 20 morts dont Rashad Maman, un jeune collégien de Bafilo (Ville située au Centre-Nord du Togo) qui devrait célébrer son 15e anniversaire le 12 juin dernier. Un autre garçon, Joseph Zoumékey, 11 ans, a subi le même sort tragique à Lomé, la capitale togolaise.
Le 21 décembre 2001 à Dakar, nos pays ont signé le Protocole Additionnel sur la Démocratie et la Bonne Gouvernance. Ce protocole affirme que la paix dans un pays ne peut être pérenne qu’avec une stabilité politique affirmée. Par conséquent, il préconise que personne ne puisse exercer plus de deux mandats présidentiels dans l’espace CEDEAO.
Tous les pays de la communauté ont ratifié ce protocole ouvrant la voie à une alternance pacifique par les urnes au sommet de l’Etat. Je suis en admiration de cet aboutissement dans vos pays respectifs et je vous en félicite.
Dix-sept années après, le régime togolais rejette toujours obstinément ce protocole.
Nous, Togolais, sommes le seul peuple de la CEDEAO à subir encore une gouvernance non légitime si caractéristique des dictatures. Une gouvernance qui met l’économie du pays dans un marasme qui prive la jeunesse de toute perspective d’épanouissement et de tout développement personnel.
Conscients de notre communauté de destin, les chefs d’Etats de la CEDEAO ont pris en main la facilitation entre le régime et la coalition des 14 partis politiques de l’opposition. Elle est menée par les présidents Nana Akufo Addo du Ghana et Alpha Condé de Guinée que je remercie.
Par cette facilitation, les chefs d’Etat de la CEDEAO s’apprêtent à proposer une solution de sortie de crise lors du sommet qu’ils tiendront à Lomé le 31 Juillet 2018.
Mais la vigilance s’impose car la feuille de route attendue de ce sommet doit absolument tenir compte des aspirations profondes du peuple togolais.
Elle ne peut aucunement ouvrir la voie au chef de l’Etat togolais de prétendre postuler à un quatrième mandat présidentiel, alors qu’il en exerce déjà un troisième en violation de la règle communautaire.
Le contraire serait incompréhensible, injuste et surtout de nature à aggraver davantage la crise, avec des conséquences sécuritaires pour le Togo et leurs débordements certains dans la sous-région.
Tenant compte des enjeux et des défis majeurs de la sous-région en matière de développement, certains chefs d’Etat en exercice ont publiquement renoncé à postuler à un troisième mandat dans le but de renforcer la stabilité politique. Ceci relève du bon sens et de la responsabilité politique.
Nos Etats associent leurs forces pour combattre le terrorisme et les menaces extrémistes. Cette démarche conjointe est légitime et nous les y encourageons. Corrélativement, nous, peuples de la CEDEAO, devons mutualiser nos énergies pour une tolérance zéro de la confiscation du pouvoir d’Etat dans notre espace commun. Cela aussi est légitime et nous en avons le devoir.
Jeunesse et forces vives de la CEDEAO, notre communauté de destin nous impose le devoir d’assistance à peuple en lutte.
Bien entendu, les Togolais comptent avant tout sur eux-mêmes pour conquérir leur liberté et la démocratie.
Néanmoins, j’appelle à la solidarité entre nos peuples. Je vous appelle à œuvrer auprès de vos plus hautes autorités, afin que la décision des chefs d’Etats, le 31 Juillet 2018, pose les jalons d’une CEDEAO des peuples.
La Rédaction.