La crise du “Ponzi” au Togo et ses conséquences à venir : TIENS, GTC, J-GLOBAL, CACESPIC…

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Par la Rédaction le 30 Mars 2021

(IMPARTIAL ACTU)- Dans un communiqué rendu public ce 29 mars 2021, le ministre de l’économie et des finances Sani Yaya met fin aux activités de plusieurs entreprises faisant appel public à l’épargne. Problème d’organisation, manque de stratégie, conflit larvé, envie, jalousie, voici les maux dont souffrent les responsables de toutes ces entreprises concernées par la sommation que vient de leur infliger le ministère de l’économie sous instruction du CREPMF.

L’avènement d’internet et la mondialisation ont fait entrer sur le marché un nouveau type de concurrents. Ceux-ci ne sont plus au coin de votre rue mais à l’autre bout de la planète, avec des prix défiant toute concurrence. C’est ce qui s’est réellement produit au sein de la famille des traders togolais. Au lieu de travailler main dans la main, ces derniers très orgueilleux et égoïstes ont tout fait saborder, mettant ainsi en ruine de pauvres citoyens qui leur ont aveuglément fait confiance.

Elles sont nombreuses ces entreprises concernées par la note du ministère de l’économie et des finances. Il s’agit entre autres de « Global Trade Corporation S.A.S., CACESPIC-IF Togo Sari, Prosperity Investment Corporation (PIC) S.A, la Société de Négoce et de Courtage en Banque (SNCB), Leader Bureau Chymall-Sairui Groupe Togo, Alliance in Motion Global, Chy Century Heng Hue, QNET, J-Global Capital International S.A.U, TIENS, TIMEX TRADING, Aladin Groupe, Petronpay Togo, Black empire, High Life International, Global Building Investment and Trade (GLOBIT), Global Investment Trading (LIYEPLIMAL) ».

Du pur Ponzi ?

Le système du Ponzi a démarré à Lomé en 2019 sous la bannière de plusieurs entreprises et justifiée par le trading. Très rapidement, il s’est étendu à tout le Togo. De nombreuses agences se sont implantées, avec une couverture géographique très large. La société J GLOBAL CAPITAL SA et, particulièrement, et quelques autres structures ont été les plus développées, compte tenu de la taille des dépôts : 30 000 déposants pour un montant de 23 milliards de francs CFA collectés. En effet, le PDG de cette entreprise a assoupli les conditions de retrait de la mise initiale, en ramenant la durée de maturité du capital à 45 jours. De nombreux déposants ont donc quitté les autres entreprises pour effectuer leurs dépôts à J GLOBAL CAPITAL SA.

La recette journalière de cette entreprise s’éleverait à environ à 40 millions de francs CFA, illustrant ainsi l’ampleur de l’épargne collectée. De nombreux déposants ont bradé leur patrimoine, ou contracté des prêts pour effectuer des dépôts auprès des institutions de placement illégal d’argent. À un moment donné, ces institutions ne collecteraient plus de l’épargne mais plutôt de la dette bancaire ou des crédits octroyés par des institutions de microcrédit. Plus la taille des dépôts collectés s’accroît, plus grande est la base de la pyramide du Ponzi, qui représente le niveau d’endettement, et imminente l’éclatement de la bulle. C’est ce qui s’est passé au niveau de CACESPIC IF, Global Trade Corporation S.A qui ont commencé par éprouver des difficultés de paiements courant Janvier 2021.

De nombreux faits non prouvés sont rapportés comme étant déclencheurs de la crise des institutions de placement illégal d’argent au Togo : les retraits de certains gros déposants, la fuite de certains cadres , les détournements de fonds , etc. À ces faits qui relèvent de rumeurs, il faudra ajouter une prolifération des structures de placement illégal qui se livrent une concurrence par les taux. Des taux d’intérêt de plus en plus élevés sont proposés afin d’attirer de nouveaux déposants. Cette situation a contribué à accroître rapidement la charge de la dette de ces institutions, et donc leur insolvabilité.

Que des regrets ! Des conséquences sur l’économie togolaise !

La crise des placements illégaux aura des conséquences très dommageables sur l’économie togolaise. Le montant total du préjudice s’élèverait à 23 milliards de francs CFA, avec plus de 50 000 victimes .

Cette chaîne de Ponzi affecte négativement les capacités d’épargne et d’investissement de l’économie, ce qui pénalisera la croissance économique . Elle fragilisera par la même occasion le portefeuille des banques et des institutions de microfinance en accroissant la taille des créances irrécouvrables. Cela aura pour corollaire une détérioration du climat de confiance entre les agents économiques et les intermédiaires financiers avec des effets négatifs sur l’investissement. On pourra également noter une forte pression sur l’épargne des ménages togolais.

De fait, au cours des périodes de boom des institutions de placement illégal d’argent, les ménages ont été contraints de faire des efforts supplémentaires d’épargne et donc de différer leur consommation dans le temps. La conséquence immédiate de ce comportement est une contraction de la demande interne qui a entraîné une mévente sur les différents marchés. La consommation et une partie des investissements sont ainsi différées en vue de profiter de rendements élevés. L’accroissement de l’endettement des ménages et le resserrement de leur contrainte budgétaire auront des effets défavorables sur la demande intérieure et le produit intérieur brut.

Des conséquences socio-économiques

La crise du Ponzi au Togo aura également eu des conséquences socio-économiques. La perte probable de l’épargne des particuliers est inquiétante en raison du grand nombre de personnes à charge pour chaque épargnant individuel.

Cette faillite des systèmes de Ponzi pourra accroitre les tensions et la détresse sociales dans la mesure où certaines personnes ont hypothéqué le patrimoine familial pour des emprunts placés dans la chaîne de Ponzi. À cet effet, il faudra prévoir des cas d’hospitalisation, de crise cardiaque et de schizophrénie de personnes spoliées sans qu’il ne soit possible d’établir un lien direct entre la perte des fonds engagés et ces cas de maladie ou de décès.

«J’iinvite les promoteurs véreux et récidivistes des structures concernées à cesser immédiatement ces activités irrégulières sous peine de sanctions prévues par la loi ». En clair, le ministre met fin au trading, du moins pour l’instant.

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